C'EST UNE BELLE HISTOIRE
C'est un petit vieux, avec une barbe toute blanche. Je l'ai déjà vu dans le quartier. Il marche voûté, s'aide d'une canne et tient un sac du “8 à 8” dans l'autre main. Le trottoir est étroit. Il s'arrête pour me laisser passer. En fait, pour discuter. Il me désigne le caniveau, une grosse flaque d'eau. “Faites attention s'il y a une voiture qui passe !”
Je le remercie, avec un grand sourire. Il n'y a aucune voiture à l'horizon.
“Mademoiselle, j'ai 80 ans et demi, eh bien, votre sourire est mon rayon de soleil de la journée !”
J'aime le "et demi”, comme les gamins quand ils disent : “J'ai 5 ans et demi”. J'aime le “Mademoiselle” aussi.
Quant à mon sourire “rayon de soleil”, il me fait sourire doublement : j'ai super mal dormi à cause de la tempête, notre portail a rendu l'âme, je me suis engueulée avec Christophe ce matin, et je vais avoir mes règles demain... J'étais d'une humeur de dogue. Jusque-là.
Je lui réponds : “Et votre bonne humeur est le mien, de rayon de soleil !”
Nous échangeons un dernier rayon de soleil sous ce ciel tout gris. Il poursuit son chemin vers la rue de Rome. Je rentre au bureau. On dirait presque une chanson de Michel Fugain…