LE TEMPS EST ELASTIQUE
Un enfant, ça bouleverse tout : les habitudes, le sommeil, le physique… mais aussi LA physique. Ainsi, j'ai découvert avec mes filles l'élasticité du temps. Prenons ce matin, au hasard. Anouk était chez sa grand-mère. Je n'avais donc que Claire à gérer. Mieux, elle allait au centre de loisirs et je pouvais me permettre de l'emmener à l'école trente minutes plus tard que d'habitude. Et donc, en toute logique, de me lever une demi-heure plus tard. Voire un peu plus, vu que j'étais délestée de la moitié de ma responsabilité maternelle. Ce que je fis. Et ce en quoi j'eus tort.
Car le petit enfant refuse d'entrer dans ces considérations d'une logique pourtant impeccable. Soit le gnôme se réveille avant vous et vous tire brutalement du sommeil, sans considération pour l'état de décrépitude dans lequel IL vous a mis depuis sa naissance. Soit il dort comme une marmotte et refuse l'idée selon laquelle il n'a d'autre choix que de se lever. Je sais, ma phrase est lourde, mais croyez-moi, ça reflète parfaitement la réalité.
“Claire, lève-toi !”
- Hmmm Gremeuh Achkreugneu ! (en français : “Parle à ma main !”)
- Lève-toi, c'est l'heure !
- Chkreumou Agreuh Mmm !!!”
J'avais encore de la marge. C'est en tout cas ce qu'affirmait la pendule. Mais la pendule, cette grosse malpolie, ne s'arrête pas lorsqu'on cherche les gants, puis quand les petits doigts n'y trouvent pas leur place. Pas plus que la pendule n'attend lorsque la petite, manteau, bonnet et gants enfilés, est prise d'une soudaine envie de faire caca.
Je savais depuis une demi-heure déjà que j'allais rater mon train. J'en avais pris mon parti et tenté de chasser le stress. Mais là, je réalise que j'ai peut-être raté aussi le suivant. Panique à bord. Le ton monte, on s'agite en tout sens, perdant encore davantage de temps. Je torche vite fait la mioche et je la sors, le cul (de la mioche !) quasi à l'air.
Il faudra encore s'attaquer au givre sur la voiture. Klaxonner une bagnole qui ne démarre pas au feu à la seconde où il passe au vert. Et jeter la petiote dans les bras de l'animateur au centre. J'aurai le train d'une miette (le temps à la SNCF est lui aussi élastique, et certains jours, on s'en réjouit). En me demandant, une fois de plus, à quoi ça sert de stresser comme ça. Et en me promettant de me lever plus tôt la prochaine fois.
Hier soir, vannée de relativement bonne heure, j'ai indiqué le plus sérieusement du monde à Christophe que j'allais “faire dodo”, avant de réaliser que je ne parlais pas à une de mes naines. “Pas grave, m'a-t-il répondu, plus que deux ans à tenir ! Ça passe vite deux ans.” Oui, dans deux ans, elles auront 5 et 9 ans et ce sera plus facile. “Et le pire, a-t-il ajouté, c'est qu'on regrettera...”