4 mars 2008
PARLE A MAMAN !
C’est d’un chiant, une mère ! A toujours parler de ses enfants. Ça gonfle tout le monde, surtout ceux qui n’en ont pas. Moi, quand j’étais nullipare, et je l’ai été longtemps, ça me fatiguait d’une force toutes ces mamans qui n’avaient que les exploits de leur progéniture à la bouche. « Et tu sais ce qu’elle m’a dit, Manon ? » (à l’époque, toutes les petites filles s’appelaient Manon.) « Euh, non », répondais-je, m’attendant à l’anecdote bien nulle, à laquelle je serais bien forcée de sourire. « Elle m’a dit qu’elle allait se marier avec son père et elle m’a demandé si je voulais bien quitter la maison. Trop drôle ! » Oui, morte de rire.
Et aujourd’hui, ce penchant incoercible est encore accentué par le phénomène des blogs. On n’emmerde plus seulement ses collègues avec ses anecdotes pourries, mais un lectorat potentiellement illimité, qui demande grâce. « Parle à ma main », comme on chante dans les cours de récré.
Et le pire c’est que, même consciente de ce travers maternel universel, j’y mets les deux mains, les deux pieds, et tout mon cœur en plus. Mais si gaga sois-je, je me suis quand même demandé pourquoi nous étions si complaisantes envers nos marmots, surtout quand ils sont tout petits. Et la réponse est là, évidente, incontestable, inattaquable : les jeunes enfants nous surprennent toujours en bien ! (pour les plus grands, j’ai pas encore testé). Leur intelligence qui se déploie, leur beauté qui s’épanouit, leurs capacités qui se démultiplient vous cueillent de façon inopinée. A chaque fois qu’une de mes filles m’épate, ça me fait comme un rayon de soleil au niveau du plexus.
Alors que pour nous, tout est si laborieux. Apprendre une langue vivante à partir de 30 ans ? Rêve ma fille ! Améliorer ses capacités physiques après 40 ? Cause toujours, tu m’intéresses. Chez eux, c’est le champ de tous les possibles. Un enfant de deux ans est le plus extraordinaire des génies. Le plus émouvant et le plus drôle aussi. Tous les enfants de deux ans.
Avant d’avoir une famille, je ne me doutais pas que ma vie était vide et je m’en accommodais fort bien. Je remplissais mes journées comme une bouteille en verre, avec du travail, des amours sans substance, des loisirs, de la glandouille. Même ces voyages qui étaient ma respiration, et qui me manquent aujourd’hui, n’étaient au fond que du remplissage. Aujourd’hui, c’est l’inverse. Mes journées sont trop remplies. Il y a beaucoup de contraintes et j’aimerais souvent pouvoir déverser le trop-plein. Mais la bouteille est surtout pleine de la plus pure des eaux, la plus fraîche, la plus désaltérante. Mes enfants.
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