28 octobre 2007
QU'EST-CE QUE J'PEUX FAIRE, CHAIS PAS COIFFEUR...
Christophe travaillait, hier (et quand il travaille, ça veut dire qu’il bosse 18 heures sur 24, et dort les 6 restantes). Alors on s’est fait une pure journée de filles. Et qu’est-ce que ça fait, les filles ? Ça va chez le coiffeur. J’ai emmené les miennes à Paris, dans un salon spécialisé dans le morveux. C’est près de mon boulot, dans le XVIIe, à deux pas du parc Monceau. Et, de fait, la clientèle est très couleur locale, les coupes aussi : les garçons ressortent avec une brosse bien clean et les petites filles avec un carré assorti à leur robe Bonpoint. Vous vous demandez ce que je viens faire là ? C’est relativement accessible depuis ma banlieue, Anouk aime bien (on file un petit cadeau aux gamins et il y a des télés) et pas très cher (35 euros pour les deux). Et j’avais envie d’aller faire un tour à Paris avec mes filles. (Et je suis un peu snob, aussi).
(En fait, cette note c’est juste un prétexte pour vous montrer Claire chez le coiffeur. Cette enfant s’est montrée d’un sang-froid admirable, contrairement à quelques jeunes zazous du cru, qui vociféraient à la vue des ciseaux. A Epinay, les enfants ont l’habitude des crans d’arrêt, alors les couteaux de coiffeurs, ça les fait rigoler des genoux.)
On a enchaîné avec une balade au parc. Très joli, le parc Monceau, très XIXe (siècle, pas arrondissement cette fois). Il était 11 h 00. Et j’ai été estomaquée par la densité de joggeurs ! On se croirait sur la Transilienne à l’heure de pointe. Mamans en poussettes, garez vos PegPerego ! Un jeune couple BCBG a failli percuter Claire. Ils ne sont pas excusés, ont poursuivi leur course, et la fille a demandé à son ami s’il ne s’était pas fait mal à la cheville ! Si je les avais pécho au tour suivant, c’était le croche-pattes direct. Pour le coup, il l’aurait sentie, sa cheville !
Au parc de l’Ile-Saint-Denis, où je balade habituellement mes gisquettes, on croise quelques joggeurs, mais c’est denrée aussi rare que les Arabes à Monceau. Il y a pas mal de Noirs, en revanche, des jeunes filles, en l’occurrence, qui s’occupent de la blonde progéniture des environs. Même le samedi.
Amour, restauration et faux-semblants
Après cette petite séance d’anthropologie in situ, nous sommes allées nous sustenter chez Oh Poivrier ! Il y avait, à côté de nous (vu la promiscuité dans ce type d’endroits, tous les clients sont à côté les uns des autres), un couple de septuagénaires souriants, très doux l’un envers l’autre. Ils semblaient perdus dans la carte à rallonge de ce restau pour “jeunes urbains actifs”. Quand le serveur a pris la commande, le monsieur a demandé d’une voix assurée une assiette “New York-New York”. La dame était pleine d’admiration : “J’en étais même pas arrivée là, moi !” Je crois qu’elle s’est contentée d’une “Trajectoire givrée”, la malheureuse... Arriver à épater sa dame après tout ce temps... J’étais pleine d’envie. Ceci dit, il ne faut pas se fier aux apparences. Ces deux-là étaient peut-être de tout jeunes mariés.
A propos d’apparences, j’ai conclu la journée, tardivement (j’avais décalé le couchage des filles en prévision de la nouvelle heure... en vain, puisque Claire s’est réveillée à 6 h 25, comme prévu) en regardant le DVD d’On connaît la chanson, de Resnais. Je ne sais pas comment j’avais pu passer à côté d’un tel bijou, à l’époque. Je crois, qu’en fait, je me le gardais en réserve... Un film sur les faux-semblants, la nécessité qu’on s’impose de faire bonne figure, socialement, psychologiquement... Un film d’amour aussi. Magnifique Dussollier, en amoureux éperdu, maladroit, ne sachant pas “se vendre”. Bouleversante, la scène où Camille (Agnès Jaoui) s’abandonne sur son épaule, comme si elle avait enfin trouvé l’île où arrimer sa solitude... Cela fait un moment que les Jaoui-Bacri n’ont plus écrit à quatre mains... Ça manque.
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