PARLE A MON SAPIN !
– Maman !
– Ouais...
– Maman, on dit pas “ouais”, on dit “oui” !
La
personne, ou plutôt l'espèce de bidule doté d'une langue qui
m'admoneste de la sorte, est âgée de deux ans et onze mois et s'adresse
à quelqu'un dont le métier (actuel) consiste (notamment) à corriger des fautes de français...
Ma
fille bien-aimée, mais que des fois tu me cours sur le haricot quand
même, il m'arrive peut-être de dire “ouais”, lorsque je suis un peu
lasse de t'entendre jacasser avec le débit d'un AK47. Surtout quand je mange une raclette et que j'essaie de tenir en même
temps une conversation avec ton père que je n'ai fait qu'entrevoir
depuis deux semaines, tandis qu'Anouk se tortille frénétiquement sur sa
chaise, me rendant vaguement nauséeuse, ce qui est moyen compatible
avec la raclette (et avec des phrases courtes).
Il se peut également que j'utilise ponctuellement des
expressions prisées dans le 9-3, mais pas encore validées par
l'Académie française et je doute que l'élection de Simone Veil parmi
les Immortels permette de réparer cette criante injustice.
Toutefois, mon enfant chérie, mais que c'est moi le chef quand même, moi je ne parle pas à mes bottes et je ne quitte pas la maison le matin en disant “Au revoir sapin ! A ce soir !” à un nordmann de 1,65 m orné de bouboules pailletées. Donc, je te saurais gré de grandir un peu et de passer ton agrég' avant de me donner des leçons de bon français. Sans déconner !
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