1 mai 2008
SCENE DE LA VIE CONJUGALE
Une fois par an, et pendant quelques semaines, Canal Sat’ nous décrypte obligeamment le bouquet Canal + pour nous inciter à nous abonner.
Hier soir, Canal + Décalé diffusait le film de Florian Henckel von Donnersmarck, La vie des autres. Je n’avais qu’une trouille : que la chaîne repasse en crypté à minuit pétantes, au moment du changement de mois (ça m’est arrivé une fois pendant la diffusion de l’excellente série Boomtown. C’est très déplaisant...)
J’ai vu le film à sa sortie. Je ne pouvais pas passer à côté. Naguère, en effet, j’avais (nonchalamment) étudié l’allemand ; j’avais aimé les mots de Brecht et les films de Wim Wenders ; je m’étais baladée en RFA, dans de grandes villes reconstruites et des banlieues incertaines.
Puis le hasard a fait qu’étudiante, je me trouvais à Berlin en novembre 89 (avec Croissant 15 :-)).
Peu après la chûte du Mur, j’ai (sur)vécu à Strasbourg et fait plusieurs voyages en Allemagne de l’Est. Bizarrement, il ne me reste que des souvenirs assez flous, presque fantômatiques, de ces pérégrinations dans l'ère post-communiste. Je me rappelle être allée à Weimar, Jena, Karl-Marx-Stadt (Chemnitz, aujourd’hui), Leipzig, Erfurt... J’ai aussi lu des bouquins, vu des docus et écouté des émissions sur la Stasi.
Bref, c’était un film et un sujet pour moi. Et j’étais d’ailleurs assez énervée que d’autres gens aillent le voir ! Des individus qui, pour la plupart, ne savaient même pas prononcer correctement “Ministerium für Staatsicherheit” (j’ai des côtés un peu pénibles, des fois que vous ne l’auriez pas remarqué ).
La vie des autres (Das Leben der Anderen, tant qu’à faire) m’avait laissé une marque indélébile, comme à des millions de spectateurs dans le monde.
Duo sur canapé
Christophe ne l’avait pas vu et je tenais absolument à “partager”ce film avec lui. Mais un film allemand en V.O., dont le sujet est la surveillance d’un couple d’artistes par un scrupuleux officier de la sécurité d’Etat... en plus sur une télé grande comme un timbre-poste, je le sentais moyen moyen. Il faut quand même s’accrocher, quand les seuls mots qu’on connaît en allemand sont “Tschüß”, “Danke” et “Ein Bier, bitte”. (Nous avons fait un échange de maison, il y a trois ans, avec une famille de la Forêt-Noire et mon compagnon a dû apprendre quelques notions de base pour survivre en milieu hostile.)
Preuve de ma motivation, quand j’ai vu qu’il commençait à s’endormir, je lui ai même laissé MA place sur le canapé pour lui permettre de mieux lire les sous-titres.
Et ça a marché ! Non seulement, il a tenu le choc, mais il est entré à fond dans le film et en est sorti bouleversé.
Lorsqu'on voit ensemble un film que je connais déjà, il pose des questions sur l’intrigue, mais refuse que j’y réponde ! En fait, je suis censée laisser de vagues indices, par une mimique, un soupir, une gestuelle gracieuse... Eh ! j’ai pas fait l'école du mime Marceau, moi ! Quand c’est le contraire, à savoir que je découvre un film qu’il a déjà vu, je le supplie de me révéler le dénouement, mais il refuse, le sagouin. M’en fous, je vais lire les spoilers sur Wikipédia !
A la fin, nous avons partagé un Kleenex. C’est beau, l’amour.
Un extrait du film (la bande-annonce est plate et fallacieuse). N.B. spécial fashion addicts : j’aime beaucoup le petit blouson gris souris, aux empiècements très mode, du camarade Hans Georg Wiesler.
Publicité
Publicité
Commentaires
K
P
F
S
K