JOURS TROP COURTS TROP LONGS
Nouveau rythme. Je commence une heure plus tôt et je travaille un jour de plus par semaine. Punaise, ma Clarinette, t'aurais pas pu avoir moins de trois ans pendant encore une année ou deux ? Voire dix.
Au bout de deux jours, je suis déjà décalquée. C'est pas la mine pourtant. Juste le changement de rythme. C'est à ça qu'on voit qu'on n'a plus vingt ans. Ni trente.
A une époque, je faisais ce boulot en free-lance. Je passais d'un magazine à l'autre. Et j'étais bien contente de n'être attachée à aucun d'entre eux. J'enchaînais les bouclages, jusqu'à pas d'heure. Je buvais des litres de café et je fumais comme un Turc. Tard dans la soirée, alors qu'il fallait encore et encore relire des pages, il arrivait qu'une clope servît à allumer la suivante. J'étais parfois fatiguée, mais je me remettais en selle très vite. D'ailleurs j'avais une moto. Une petite Suzuki 250. Rouge. Et un vélo. Rose. Et des rollers. Bleus. Ça roulait, ma poule.
Je ne fume plus depuis longtemps. Je n'aime plus du tout le café depuis presque aussi longtemps. Mais la moindre mauvaise nuit me laisse sur les rotules. Et j'en ai quand même accumulé pas mal depuis quelques années. Et le froid, la grisaille, les jours sournoisement trop courts... ça n'aide pas non plus, ma brave dame.
Alors, en attendant des jours meilleurs, je guette les jolis signes de la vie. Les mésanges dans le jardin. Les feux dans la cheminée. Ses bons petits plats. Leur bouille tendre. Et la splendeur d'un Renoir que je ne connaissais pas, découvert au hasard de mes pérégrinations sur le Net.
Deux sœurs (sur la terrasse), Auguste Renoir, 1881
Art Institute of Chicago