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Karmara : voyage en mère
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27 juin 2007

SI PRES, SI LOIN

Je les vois presque tous les matins dans le RER. Elles montent à Saint-Ouen, avec des flopées de minots. Elles sont comme on les imagine, grandes jupes flottantes, foulards sur des cheveux sombre, peau mate, regard noir et intense. J'imagine qu'elles partent faire la manche et dire la bonne aventure sur les trottoirs les plus fréquentés de Paris. Lorsqu'elles me demandent une pièce, je leur donne assez souvent, même si je sais qu'elles utilisent leurs enfants pour émouvoir les gens. “Que Dieu protège ta famille !” me disent-elles. Mais quand, dans la rue, l'une d'entre elles veut lire dans les lignes de ma main, je m'enfuis presque en courant. Mon inconscient doit encore être nourri des légendes de mon enfance, quand on me disait que les "Romanichels" allaient venir me chercher si je faisais des bêtises ! Et j'avoue que je crains aussi leur réputation de pickpockets... Ce matin, j'ai dû prendre la voiture (une certaine catégorie du personnel de la SNCF étant en grève. Sache, camarade syndiqué, que je te maudis toi et tes grèves à répétition. Je sais, je l'ai déjà dit, mais moi aussi je fais dans la répétition : c'est du corporatisme, pas du syndicalisme, qui pénalise le pékin banlieusard moyen et pas ceux qui ont des ronds et sont décisionnaires. Sont trop contents que tu fasses grève, ceux-là. Ça ne fait que les conforter dans leurs convictions que le service public, c'est de la merde.). Pour me rendre au boulot, j'emprunte la rue d'Ardoin, à Saint-Ouen. Un camp de gitans est installé sur un terrain vague, juste en face d'un énorme incinérateur autour duquel tournent sans fin les mouettes. A quelques dizaines de mètres du camp, sur le trottoir, il y a un point d'eau, où les gitans viennent remplir leurs jerricans. La rue est bordée d'autres entreprises, dont une impressionnante usine de chauffage urbain. L'air doit pas être trop pur, dans le coin. Et la Seine, juste à côté, n'a pas les couleurs que peignait Monet. Ce matin, une vingtaine de jeunes femmes tziganes cheminaient en groupe sur le trottoir, en direction de la gare RER. Petite procession indifférente au triste environnement et au regard des "braves gens" dans leur voiture. J'aimerais les prendre en photo, saisir leur visage volontaire en noir et blanc. Mais même si il n'y a que quelques mètres entre nous, les autres matins dans le RER, ou là entre ma voiture et le trottoir, c'est tout un monde qui nous sépare. Femme gitane, Frans Hals
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