C'EST TAKESHI KITANO QUI T'A REVEILLÉE
Nous sommes allées à l'ultramédiatisée expo Kitano, à la fondation Cartier.
Takeshi Kitano, c'est un peu le Jerry Lewis du Japon. Connu dans son pays pour des émissions de télé franchement crétines, voire carrément trash (des extraits sont présentés dans l'exposition), il est célébré en France comme un cinéaste génial.
Ce sexagénaire a manifestement plein de talents, puisqu'il peint et conçoit des installations loufoques dans lesquelles il s'interroge sur l'extinction des dinosaures ou sur l'infiniment faible probabilité qu'avait la vie d'apparaître sur Terre. Il évoque aussi sur le ton de la dérision la peine de mort par pendaison au Japon. Et invente une locomotive-machine à coudre, des vases animaux et une ménagerie de créatures hybrides.
Je savais que c'était une exposition susceptible de plaire aux enfants. Et effectivement, mes filles se sont bien amusées. Ce qui suffisait déjà à me faire plaisir. A titre personnel, j'ai trouvé ça sympathique, mais un peu… léger et facile. J'ai pensé que s'il n'était pas le réalisateur de Hana-Bi et de Sonatine, il n'aurait pas eu droit à une monographie dans ce lieu prestigieux.
Cette nuit, j'ai fait un cauchemar qui m'a expulsée du sommeil, à bout de souffle et terrifiée.
Un cauchemar où la nuit s'abattait sur la Terre en plein jour. Définitivement. Condamnant la vie sur notre planète. Un cauchemar où il y avait des méchants très méchants, comme dans les films de Kitano, et des créatures sauvages derrière des barreaux en toc. Et de la neige partout. Et des personnes qui emmenaient mes enfants en ambulance, peut-être pour les sauver. Mais comment sauver des enfants d'une fin du monde inéluctable ?
Un mélange de La route, de McCarthy (un livre que j'abhorre, et sur lequel j'avais relu un article au boulot), d'angoisses personnelles... et de l'univers artistique de Beat Takeshi Kitano.
Un artiste qui arrive à foutre un tel bordel dans mon inconscient peut difficilement être taxé de “léger”. Faut croire que son expo n'est pas que gentiment farfelue, comme je l'ai d'abord pensé.