L'OFFENSE DE L'ART
Boltanski superstar ! Le plasticien français présente une installation monumentale, au Grand Palais à Paris. Et c'est le buzz tous azimuts. Dans la presse “intello”, comme on pouvait s'y attendre, mais aussi au JT, et même au cinoche ! J'ai vu une "bande-annonce" de l'événement en allant voir un film samedi. Et dans la salle, deux vieilles dames s'interrogeaient pour savoir si elles y iraient. Je devrais me réjouir que de l'art contemporain soit ainsi mis en avant. Mais non.
Cette installation, baptisée "Personnes", présente une montagne de vêtements, ainsi que vingt-cinq carrés sur lesquels sont étalés d'autres habits, surmontés de barbelés.
Comment ne pas y voir une interprétation artistique des camps d'extermination ? C'est obscène, hein, “interprétation artistique” dans un tel contexte ? Je suis d'accord avec Claude Lanzmann sur le sujet.* J'ai du mal à supporter qu'on produise de la fiction, de “l'art” sur la Shoah. Mais bon, je ne suis pas censeur, je parle à titre personnel. Et je ne me rendrai pas au Grand Palais, même si j'ai vu d'autres travaux de Boltanski, au Mac/Val, qui m'avaient beaucoup intéressée.
J'ai vu la bande-annonce de cette expo avant la projection du film Sumo. Une comédie douce-amère sur des Israéliens bouboules qui deviennent sumos, pour être considérés, et se considérer, avec plus de respect. C'est vachement bien. Drôle et touchant.
C'est un des rares films en hébreu que j'ai vus dans ma vie. Je fuis comme la peste les films sur le conflit israélo-palestinien. Or, les seuls films de cette région que les distributeurs estiment dignes d'être montrés en France abordent le sujet.
Non pas que je ferme les yeux sur ce qui s'est passé il y a soixante ans ou sur qui arrive aujourd'hui. Je regarde les informations, des reportages, des docus. Mais quand je vais voir un film de fiction, je passe à autre chose. J'ai envie d'entrer dans une autre dimension. J'ai ma dose de réalité, pas besoin d'ersatz spectaculaires.
* Mais personne n'est parfait, ni totalement objectif. Lanzmann pas plus que les autres. Dans le Libé du jour, un article sur la polémique qui l'oppose au romancier Haenel. Celui-ci est l'auteur du roman Jan Karski, sur un officier polonais qui avait alerté les gouvernements occidentaux dès 42 sur sur ce qui se passait en Pologne. Or, Karski, qui témoignait dans Shoah, se plaint de ce que Lanzmann a éliminé de son montage final la partie la plus importante de son témoignage, dénaturant ainsi la vérité. Un exemple de plus, s'il en était besoin, que l'objectivité est impossible.
Et dimanche, dans un style un tantinet différent, j'ai dû me fader l'histoire d'une jeune fille méritante et d'un prince vénal, qui se rachète grâce à l'amour... La dure vie de mère de famille ;) Il y a un méchant très méchant qui ressemble à Huggy-les-bons-tuyaux. “Ça va Claire, t'as pas trop peur ?” “Non, maman, tu sais moi j'adore la violence !” A 4 ans, ça promet…