UNE VIE PAR ANNONCE
C'est une annonce dans une boulangerie de la rue des Batignolles. “Cherche étudiant(e) pour garde enfant de 7 ans (CE2), une semaine sur deux. De 18h00 (sortie de l'école), à 20h30, voire 21h00. Devoirs faits à l'étude, il faudra faire à dîner, jouer… L'idéal serait un(e) étudiant(e) parlant anglais. Me contacter au 06 XX XX XX XX ou par mail: Hubertdesaintmachin@hotmail.com”.
Il était une fois un couple de la bonne société qui s'était aimé, sous les vifs encouragements de leur famille respective. Ils avaient dû se rencontrer sur les bancs de Sciences-Po ou lors d'une sortie avec des amis communs. Un truc dans ce genre.
De leurs amours naquit une petite Sixtine ou un petit Charles. Sixtine/Charles était blond(e), comme maman, et intelligent(e), comme papa. Ou l'inverse. Il(Elle) avait sauté le CP, car maman lui avait appris à lire quand il était à la maternelle. Mais un jour, papa et maman décidèrent de se séparer. Papa passait tout son temps au travail. Disait-il. Maman, elle, se retournait sur ses jeunes années et se disait qu'à 35 ans, elle n'avait pas vécu grand-chose. Ils optèrent pour la garde partagée. C'est peut-être maman qui le souhaitait : “Tu verras un peu ce que c'est de s'occuper d'un môme au quotidien !” Peut-être papa : “J'ai le droit, moi aussi, de passer du temps avec CharSix et de participer à son éducation !”
Mais papa devait continuer à travailler beaucoup. D'autant qu'il avait une grosse pension alimentaire à verser. Les semaines où il avait CharSix la maison, il le(la) voyait une demi-heure le matin, le temps d'un petit déj' express (Hubert avalait deux tasses de café et deux gélules de Magné/B6) et quelques instants, avant le coucher, le temps d'un gros câlin. Heureusement qu'il restait les week-ends. Un week-end sur deux. Heureusement, Tracy, la baby-sitter, était parfaite. CharSix s'était beaucoup attaché(e) à elle.