UNE PAIRE DE PERES LA DESESPERE
Je vais être sérieuse deux minutes, pour une fois (si, si je peux le faire) en vous donnant mon avis sur un fait de société, et en disant du mal d'une dame, sans doute beaucoup plus intelligente que moi au vu de son pedigree, mais cela n'empêche pas que ce soit une conne. Et au passage, je vais irriter certains d'entre vous. Quatre posts pour le prix d'un ! Par les temps qui courent, c'est une affaire !
Avant-hier, j'ai vu un docu à la télé sur un couple new-yorkais qui a fait appel à une mère porteuse pour avoir ses jumelles. Les petites s'appellent Bea et Lili. Et les parents, Tim et Peter. Un couple gay, donc. Les petites de deux ans sont de vrais bébés Cadum, les pères sont super touchants, attentifs et casse-couilles, comme tous les parents.
Et ça m'a fait repenser à un article paru dans Libé en juin, qui m'avait bien bien énervée. C'était un portrait de Sylviane Agacinski, la femme de Jospin, qui n'aime pas qu'on dise qu'elle est sa femme, mais elle avait qu'à épouser Robert Michu, tripier à Bricquebec (50).
Elle n'est donc pas tripière dans la Manche, mais philosophe à Saint-Germain-des-Prés et, à ce titre, elle a décidé de donner des leçons de morale. Soit. Les mères porteuses, l'homoparentalité, elle aime pas ça du tout, mais alors pas du tout ! Re-soit. A condition d'étayer son opinion, puisqu'elle fait profession de la donner. Et alors là, accrochez-vous au bastingage, va y avoir du roulis. Voilà comment elle justifie sa thèse : “J'ai eu un enfant. Je sais ce qu'est la grossesse. Cela représente une telle intimité organique que si l'on autorisait les mères porteuses, cela reviendrait à faire des organes d'une femme un four à pain.”
Sylviane, elle est trop forte. Elle sait tout sur la grossesse, parce qu'elle a porté un enfant. Déjà, si je puis me permettre, t'en as eu qu'un, ma poule. Chaque fois, c'est différent, ô combien. J'en ai fait deux, ce qui n'est pas beaucoup plus, et je me suis bien rendu compte que je n'avais qu'une idée très partielle de la question !
C'est aussi différent pour chaque femme. Demande à Véronique Courjault ce qu'elle pense de “l'intimité organique” avec le foetus (Je sais, c'est un argument miteux, mais à la guerre comme à la guerre !).
Si vous me voyiez devant mon clavier, je suis toute véner rien que d'y penser… Sylviane, je te jure, tu me fais monter ma tension !
Et vous savez pourquoi elle a estimé nécessaire d'évoquer le sujet ? “J'entendais tellement de bêtises que je me devais d'intervenir”, se justifie-t-elle. Avant d'éclater de rire et d'ajouter : “Enfin, c'est prétentieux de dire cela.” Vous voyez le style, elle se la pète grave, genre “Je suis plus intelligente que tout le monde”. Puis elle désamorce aussitôt d'éventuelles critiques sur sa vanité, en faisant mine de s'autoflageller. C'est ça, une intellectuelle avec un raisonnement rigoureux et exigeant ? Misère ! Pas étonnant qu'avec une femme pareille, Jospin ait perdu la présidentielle… Je sais, la colère m'égare. (Je fais comme elle : je désamorce les critiques. Trop facile.)
Tim et Peter avaient un désir viscéral d'être pères. Même sans avoir porté d'enfants ! Et pour cause. La question de l'absence de maman se posera forcément dans la vie de leurs filles. Elle se posera surtout dans le regard des autres. Et ils le savent. Il y aura cette difficulté sur la route. Il y en aura d'autres, comme il y en a dans les autres familles. La vie est en partie faite de ça : de difficultés qu'on surmonte. Mais aussi de l'amour qu'on reçoit et que l'on donne.