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Karmara : voyage en mère
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25 novembre 2008

MARCHE OU GREVE

Autour de moi, la tension est palpable. Ou bien est-ce seulement la mienne ? Le train de 17h43 a été supprimé. Le quai commence à se noircir au rythme des correspondances du métro. C'est jour de grève. Ce soir, à la télé, on dira que les perturbations ont été minimes. Parce que les TGV et l'Eurostar ont circulé normalement. En revanche, les RER... Pourtant Sud-Rail est peu représenté sur ma ligne. C'est la CGT qui est majoritaire. Ce sont des choses que l'usager finit par savoir. Obligé. Si tel syndicat est en grève, sa ligne sera fermée ; si c'est tel autre, on est tranquille. Sauf quand la direction décide de déshabiller Paul pour habiller Jean. Médiatiquement, mieux vaut un TGV à l'heure et dix trains de banlieue en retard que l'inverse !

Une lumière au bout du tunnel...

Mais là, je ne pense pas à tout ça. Je guette le train suivant qui tarde, lui aussi. Il faut que j'arrive à grimper dedans, car le suivant n'est pas annoncé avant une demi-heure. Il sera impraticable. Enfin, un clignotement sur le panneau d'affichage. Une lumière au bout du tunnel. Tout le monde se rapproche du bord du quai.

sardinesLe train est bondé. Une vingtaine de personnes descendent de la rame convoitée. Une femme, hargneuse, dit à la foule de reculer. Pourtant, personne ne s'était lancé à l'assaut du train avant la descente des voyageurs, comme c'est souvent le cas en pareilles circonstances. Elle est déjà loin, mais elle a transmis sa mauvaise humeur à ceux qui montent.

Par chance, je suis poussée vers un coin. Le pire endroit, c'est la zone centrale, mouvante au gré des entrées et sorties des passagers. Et comme il en entre plus qu'il n'en sort... Deux dames devant moi. Des collègues. Elles discutent des avantages du statut de cheminot. A ma gauche, un monsieur à lunettes, la trentaine, et une jeune fille juste devant lui. Un freinage provoque un rapprochement des corps. La jeune femme s'excuse, rougit légèrement (en fait, elle rougit à l'intérieur, mais on voit à travers). Le monsieur la rassure : il a bien compris que ce n'était pas volontaire. Ça les fait rire. "Au moins, on se tient chaud !" dit-elle. Effectivement, l'atmosphère rappelle un peu celle du hammam, les huiles essentielles en moins et l'odeur de ménagerie en plus. 

Chouette, de nouvelles copines !

En haut de l'escalier, un monsieur à l'air sérieux explique des trucs à trois passagères sur le fonctionnement des trains. Elles l'écoutent attentivement. Il est ravi. J'aimerais bien entendre ce qu'il dit, mais je ne peux quand même pas crier : "Plus fort !" Du coup, je sympathise avec mes deux voisines. L'une demande l'heure à l'autre. Mais celle-ci a la main droite coincée et ne peut relever sa manche. Je propose mon aide, car ma propre main droite est à hauteur de son bras gauche, l'autre étant crispée sur mes rollers. Très bon pour muscler les doigts.

Mais bientôt, je dois annoncer à mes nouvelles amies que je descends à la prochaine. Quand Copine n°1 réalise qu'elle va devoir déplacer son popotin pour me laisser le passage, je sens que c'en est déjà fini de cette belle histoire d'amitié pourtant riche de promesses. "Je ne peux pas bouger d'un millimètre !" se récrie-t-elle. "Oui, mais moi, comment je me meus ?" m'inquiété-je.

Lorsque le train s'arrête à Epinay, le flot des passagers l'entraîne comme la vague emporte le grain de sable sur la grève. Eh oui, c'est le cas de le dire. Je nage moi aussi dans le sens du courant et émerge sur le quai fraîche comme une déesse grecque qui vient de faire trempette.

venusbotticelli

(C'est ce qu'on appelle une illustration ultra téléphonée ! En même temps, c'est culturel...)

Le droit de grève ne se discute pas. Surtout quand on est de gauche. Oula ! Faut surtout pas dire du mal d'une grève de fonctionnaires, ou assimilés, sous peine de passer pour une sale réac' prête à pactiser avec le Modem. Ceci dit (aïe !), en tant que banlieusarde qui prend le train pour aller bosser et mère d'enfants scolarisés, j'ai le sentiment d'en subir les conséquences un peu plus que la moyenne. Et comme je suis partageuse, je suis toute prête à laisser ma place la(les) prochaines(s) fois à tous ceux qui veulent vraiment montrer leur solidarité avec les grévistes. 

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Commentaires
C
@ Le gout: Voui.... comme quoi, les années passent et les français restent égaux à eux même.... les autres aussi note bien !
L
"soyez moins cons !!!"<br /> Vaste programme avait déjà remarqué Mongénéral...
P
Une fois de plus, on s'y croirait ...
P
Une fois de plus, on s'y croirait ...
C
Et voilà, le malaise actuel comme une vague nausée persistante, l'envie de hurler deux ou trois solutions miraculeuses aux grands et petits de ce monde genre : "soyez moins cons !!!", la solidarité chevillée au corps et une vieille rage de TOUJOURS être pris en otage par des syndicats lobbyiste ou des politicards populistes, des idéaux mal dégrossis ou des mauvaises foies jubilatoires.... pourtant, debout sur tes roulettes ou assis dans ta voiture à crédit, tu vas bosser, tu serre les dents (parfois elles grincent un chouillat....)pendant que d'autres blablattent et font la grève.....
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