16 septembre 2008
L'ENFANCE DE L'ART
Le Flamand multicartes Jan Fabre au Louvre cet été, le branchissime Palais de Tokyo délocalisé au château de Fontaineblau et le bestiaire de Jeff Koons exposé sous les ors de la monarchie, à Versailles… le mariage art contemporain/châteaux est le must absolu de cette rentrée. Et ce sans susciter la moindre controverse (sauf au Figaro, mais ça compte pour du beurre). C’est d’un décevant...
Des précurseurs moins médiatisés
D’autres lieux patrimoniaux, moins flamboyants, ou en tout cas moins royaux, ouvrent, depuis des années, leurs huis patinés à l’art contemporain. Des endroits souvent superbes mais moins courus par le gratin parisien.
En février, je découvrais l'abbaye de Maubuisson, dans le Val-d’Oise. Dimanche, sur la foi d’un article de Libé, j’ai pris mes filles sous le bras, direction le domaine de Chamarande, dans l’Essonne.
Le château est... assez moche, mais imposant ; le parc, immense, mêlant prairie, forêt et marais, est propice à la promenade, à la méditation ou au jeu. Des œuvres modernes s’intègrent dans le paysage, apportant une touche d’étrangeté à ce lieu paisible.
Le château accueille une exposition baptisée Légende. Un parcours ludique, aux ambiances vaguement effrayantes, qui se prête parfaitement à une visite en famille.
Deux démarches différentes...
Je ne suis pas dans le même état d’esprit lorsque je visite seule une expo ou lorsque je suis avec mes filles. Quand je suis seule, je me la pète intello de gauche, genre je me tiens le menton entre le pouce et l’index et je m’interroge gravement : “Qu’est-ce que cet artiste veut me dire sur l’état de la société à travers ce tas d’immondices rangés par ordre alphabétique ?” ou “Cet éléphant qui tient en équilibre sur sa trompe est-il emblématique de la relativité des perceptions sensibles ou symptomatique de la toxicomanie du plasticien ?”
Alors qu’avec mes enfants, je suis le qui-vive, l’œil aux aguets, prête à bondir pour les empêcher de toucher les installations. Voire pire, si c’est vraiment moche... (“C’est une œuvre d’art ÇA Maman ? T’es sûre ?”) Ce qui ne laisse guère le loisir de se toucher le menton et de s’interroger sur les motivations profondes des artistes.
En fait, je regarde plus mes enfants regardant les œuvres que les œuvres elles-mêmes. Et j’adore ça ! Leur surprise, leurs remarques, leurs réactions, leurs jeux nourrissent mon plaisir. Cet art, essentiellement cérébral, est pourtant celui qui parle le plus à l’imaginaire des jeunes enfants...
Après avoir monté la petite vidéo ci-dessus, j’ai demandé à Anouk pourquoi elle tenait son gilet derrière le petit bonhomme à la guitare. « C’était pour lui faire un rideau, m’a-t-elle répondu, comme au spectacle ! »
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