31 juillet 2008
CLERMONT FAIT ROCK
Je me souviens du jour où j’ai aimé le rock. Avant, j’écoutais des trucs de variétés, parce que c'étaient les seuls trucs qui passaient chez mes parents, à la télé ou à la radio. Mais un samedi après-midi, j’étais ado, je me baladais seule dans les rayons des Nouvelles Galeries, place de Jaude, à Clermont-Ferrand. Le magasin a diffusé Sweet Dreams de Eurythmics. La messe était dite. La voix d’Annie Lennox m’avait convertie.
A l’époque, ma ville était un désert musical. Il y avait deux bars de nuit, rue Anatole-France, dans lesquels se produisaient toujours les deux mêmes groupes. L’un s’appelait les Johnny Blues Bandits. L’autre, je ne sais plus. Le chanteur-guitariste se prenait pour Jimi Hendrix. Lassant.
Les chanteurs et groupes qui passaient par Clermont, en général à la Maison des Sports, étaient de grosses pointures, françaises ou anglo-saxonnes, mais jamais les artistes que je préférais : U2, Chris Isaak, Suzanne Vega, REM, les Stranglers, les Silencers, Crowded House, INXS, Simple Minds, The Call...
J’avais des discussions passionnées et parfois polémiques avec ma copine Fabienne, qui partageait certains de mes goûts, mais aimait aussi des artistes français, comme Lalanne, Thiéfaine ou Higelin, que j’exécrais. Pour moi, dès lors que “ça” chantait en français, c’était nazebrock.
J’écoutais mes CD à la maison, religieusement, sur ma chaîne compact Philips, ou mes K7 sur mon Walkman Sony. La nuit, je me branchais sur Rock à l’œil, sur Europe 1, pour découvrir les dernières nouveautés. Et le matin, au lycée, je m’endormais d'un œil sur mes versions latines. Je ne saurai jamais pourquoi Carthage était à détruire...
Après, j’ai quitté Clermont et vécu dans des villes où ça “bougeait plus”. Mais moi, ça m’intéressait déjà moins, de bouger. J'ai été vieille jeune.
Blues in the Puy-de-Dôme
Et vingt ans plus tard, je découvre que ma ville natale, où je n’ai foutu les pieds que trois fois depuis 2000, est devenue, à en croire Le Monde, une des “capitales du rock français”.
Depuis un an ont émergé des groupes dont la notoriété est nationale : Cocoon, Quidam, Derek Delano Orchestra… Des groupes aux influences diverses, mais qui ont en commun le sens mélodique et une certaine “douceur” un peu dépressive.
Je comprends qu’on soit dépressif, à Clermont-Ferrand – c’est pas la ville la plus riante de l’hémisphère nord –, mais je trouve étonnant que les jeunes gens de cette grise cité n’aient pas plus la rage. Ils disent avec résignation un mal-être personnel plutôt que social. “All my friends died in a plane crash”, racontent les jolis duettistes de Cocoon ; “Ton absence éveille en moi l’obsession”, se lamente Quidam. J’écoute avec plaisir, mais c’est pas ça qui me redonnera envie de retourner en Auvergne.
(PS qui n'a rien à voir : Je pars en vacances demain. A bientôt :-))
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